une salle de classe au lycée

Apprentissages organisés en classe collaborative

Expérimentation « l’archicl@sse » de l’Académie de Nice menée par Anna Maria Casella, professeur d’Italien au Lycée T. Maulnier (Nice).

Des objectifs différents pour de nouveaux outils

Il y a 10 ans avec l’arrivée des nouvelles technologies, j’ai ressenti le besoin d’enseigner différemment. J’ai découvert alors la plateforme eTwinning qui m’a permis de développer la pédagogie collaborative et de projet grâce au numérique. Il ne s’agissait plus de transmettre un savoir mais de donner la possibilité aux élèves d’échanger et de créer, et ce pour comprendre vraiment l’utilité de leur apprentissage. Il a été alors évident que la structure classe frontale non seulement n’était pas adaptée mais représentait également un frein.

C’est pour cette raison, qu’en un premier temps, avec les élèves de mes classes, nous déplacions le mobilier classique plusieurs fois lors de la même séance pour passer du rectangle aux îlots et vice-versa.

Ces déplacements étaient compliqués, bruyants, et représentaient une perte de temps et d’énergie. Cependant les jeunes se sont habitués rapidement à ces configurations différentes qu’ils réclamaient. Cette déstructuration avait changé l’ambiance de la classe, plus soudée impliquée, active et vivante.

Une classe qui se déstructure avec un mobilier plus adapté

Grâce à la collaboration au projet archicl@sse (en phase 1, étude exploratoire) en 2015, il m’a été possible d’envisager des solutions innovantes et pratiques avec un matériel mobile : les chaise à roulettes et la classe informatique mobile équipée d’ordinateurs hybrides et borne wifi intégrée.

  • L’appui de mon chef d’établissement, de notre Dane et le financement de la Région ont permis de concrétiser ce projet

Ainsi, dans la même séance, en un tour de main, la classe se transforme pour s’adapter aux différents objectifs pédagogiques.

Le rectangle a cédé sa place au cercle dans le cadre d’une pédagogie inversée, d’une réactivation orale, d’un débat ou tout simplement l’explication des consignes avant de former des ateliers.

Cette disposition privilégie l’oral car il se crée très vite une interaction qui devient plus logique dans la mesure où tous les intervenants se voient.

Ensuite, rapidement, les élèves se placent en groupes pour collaborer et coopérer. Lorsqu’il est nécessaire d’utiliser le matériel informatique, plus besoin de changer de salle (ce qui cassait la dynamique de la classe) il suffit de se servir dans la classe mobile.

Comme la classe est divisée en espaces d’apprentissage (annexe 7), les élèves peuvent très rapidement se tourner vers le tableau blanc ou le vidéo-projecteur (annexe 8) situé chacun du coté opposé ou bien face aux petit tableaux blancs utilisés pour les synthèses orales des trinômes(Cf. annexe 9).

annexe 7

annexe 8

annexe 9

Les élèves, en prenant possession de chaque espace, s’impliquent plus facilement dans l’activité qui en découle.

La posture du professeur change, celle des élèves aussi.

Le cercle présente d’énormes avantages et le premier est certainement qu’il n’y a plus d’élèves au fond de la classe, ils sont tous au même niveau autour du professeur. Ainsi ceux qui ont tendance à s’isoler se sentent plus impliqués, les timides parlent plus facilement, et il est facile pour l’enseignant, d’un simple regard, de percevoir ceux qui auraient tendance à décrocher afin de les relancer rapidement. S’il est nécessaire d’en déplacer un, ce ne sera pas au détriment de l’autre.

  • Cette configuration permet de fédérer le groupe classe. La place du professeur n’est pas figée, il se déplace dans le rond, il peut accéder plus facilement à chacun de ses élèves sans avoir à traverser la salle, ce qui facilite la différenciation pédagogique et le suivi dans le cadre de l’AP ou du tutorat.

Dans les ateliers hétérogènes destinés à l’accomplissement de tâches, les jeunes sont demandeurs et sollicitent le professeur qui aide, guide, conseille et vérifie la participation de tous. Le travail est préparé en amont, la classe se transforme en « ruche » et bien souvent la sonnerie passe inaperçue. L’enquête auprès des élèves (qui ont évalué de 0 à 5 chaque critère) montre clairement leur préférence pour "l’archicl@sse".

Se sentir bien pour mieux apprendre

La neuro-éducation explique combien le bien être est important dans l’apprentissage. Évoluer dans une classe équipée, colorée, accueillante, progresser dans du mobilier confortable et adapté, circuler dans des espaces différents, est une plus-value pour nos jeunes qui ne demandent qu’à s’impliquer.

Privilégier ces concepts pour que l’École soit avant tout un lieu d’épanouissement est un beau défi.