Article de fond

Bien-être. Espace numérique. Corps nomades. Vers une interface scolaire design. par Marie Bara

Un article de Marie Bara, professeure agrégée d’arts plastiques et formatrice Arts Plastiques et numérique (Académie de Nice)

Ces enfants habitent dans le virtuel. Les sciences cognitives montrent que l’usage de la Toile, la lecture ou l’écriture au pouce des messages, la consultation de Wikipédia ou de Facebook n’excitent pas les mêmes neurones ni les mêmes zones corticales que l’usage du livre, de l’ardoise ou du cahier. Ils peuvent manipuler plusieurs informations à la fois. Ils ne connaissent, ni n’intègrent, ni ne synthétisent comme nous (…).
Ils n’ont plus la même tête.
Par téléphone cellulaire, ils accèdent à toutes personnes ; par GPS, en tous lieux ; par la Toile, à tous le savoir : ils hantent donc un espace topologique de voisinages, alors que nous vivions dans un espace métrique, référé par des distances.
Ils n’habitent plus le même espace. [1]

Michel Serres, Petite Poucette, 2012.

Une interface est un dispositif par lequel ont lieu des échanges et des interactions entre différents éléments. Un environnement qui permet les connexions, une zone qui autorise la création de lien. L’école est une interface. Un lieu de vie où se développe un système de relations, un mode de fonctionnement avec les autres. L’école est un espace de rencontre avec l’autre, l’école est un réseau social.
Les connexions, qu’elles soient physiques ou numériques, nécessitent un environnement ergonomique, une interface fiable et fonctionnelle pour satisfaire les besoins des utilisateurs, et leur permettre d’accomplir leurs tâches. L’espace scolaire doit s’adapter à l’utilisation des nouvelles technologies. Il nous faut désormais penser notre environnement de travail en fonction des caractéristiques du numérique. Nos corps nomades recherchent un mobilier confortable, flexible et modulable qui s’adapte à notre mouvement. Nos esprits connectés sont en quête d’espaces stimulants pour expérimenter physiquement la rencontre, matérialiser le dialogue, créer l’entraide, développer la coopération. Ou, au contraire, des lieux qui nous déconnectent physiquement des autres, pour se retrouver au calme loin du bourdonnement ambiant. Notre réalité hyper-connectée, notre monde en mouvement permanent où tout n’est qu’images et informations, a besoin plus que jamais d’espaces aménagés avec soin. Des interfaces scolaires, des espaces design, des environnements éducatifs réfléchis pour cultiver le bien-être du corps et de l’esprit.

Le bien -être

S’il y a bien une préoccupation majeure dans nos sociétés numériques contemporaines où tout va vite et où la connexion est permanente, c’est la question du bien-être. Tant dans notre vie personnelle que dans le cadre professionnel, l’objectif est simple : le rechercher, le construire, le cultiver, le préserver. L’école, évidemment n’échappe pas à cette quête sociale.

La notion de bien-être se définit comme une sensation agréable procurée par la satisfaction de besoins physiques l’absence de soucis [2]. Une situation matérielle qui permet de satisfaire les exigences de l’existence. Elle est associée au bonheur, au plaisir, à l’aisance et au confort. Il s’agit d’un état agréable résultant non seulement du contentement des nécessités du corps, mais aussi du calme de l’esprit. Le bien-être est un phénomène subjectif qui renvoie à un ensemble de facteurs : la santé, la réussite sociale ou économique, le plaisir, la réalisation de soi, l’harmonie avec soi-même et avec les autres. Ces facteurs peuvent être considérés ensemble ou de façon séparée.

De son côté, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.  » [3] La santé est ainsi prise en compte dans sa globalité. Elle est associée à la notion de bien-être. [4] Se dessine donc la raison de cette préoccupation omniprésente, le bien-être est une part essentielle de notre état de santé.

Bien que très populaire, devenu par bien des aspects une sorte d’évidence, le bien-être est aussi un mot galvaudé, compromis par un usage excessif de ceux cherchant l’excuse, l’indulgence, la tolérance voire même une certaine forme de laisser aller. Cette notion est complexe à analyser, car il ne s’agit pas totalement d’une donnée objective. Depuis plusieurs années maintenant, il y a un assez large consensus scientifique pour dire que le bien-être est un phénomène subjectif qui renvoie d’une part à des composantes cognitives, qui s’expriment dans notre satisfaction de la vie, et d’autre part à des composantes émotionnelles qui renvoient à l’équilibre entre affects positifs et affects négatifs. [5]

Dans une note scientifique et technique de l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS), intitulée le bien-être et la santé au travail  [6], publiée en 2004, l’auteur introduit son propos par une citation du psychiatre Carl Gustav Jung : « Le facteur subjectif est aussi inexorablement donné que l’étendue de la mer et le rayon de la terre. Aussi exige-t-il que l’on reconnaisse qu’il est indispensable à la détermination du monde et que l’on tienne compte en tout lieu et en tout temps de sa présence. » C’est un fait : perceptions, impressions, ressentis, sentiments sont des réalités à reconnaître comme des facteurs subjectifs indispensables à la considération du monde, il faut en tenir compte. Prendre en compte l’individu, ce qu’il exprime de son bien-être. Être attentif à l’état d’esprit des personnes, à leurs impressions, à leurs ressentis, dans la sphère professionnelle, dans le milieu scolaire. Considérer l’environnement avec soin parce qu’il joue un rôle essentiel dans la perception d’un lieu, et donc dans le bien-être des usagers.

Importance du bien-être à l’école

Pour le Conseil européen, l’école doit non seulement viser le développement de compétences tout au long de la vie, mais aussi agir sur l’accomplissement des personnes. C’est pourquoi la prise en compte du bien être des élèves et des acteurs, de leurs qualités de vie au sein des établissements scolaires est indispensable.

La loi de refondation de l’école du 8 juillet 2013 précise bien cet objectif. L’école « doit être pour tous les élèves un lieu d’épanouissement par les apprentissages et la construction progressive d’un projet personnel. L’acquisition des savoirs et leur mise en œuvre, accompagnée par les enseignants et renforcée par le travail collectif, permettront à chacun de développer son potentiel dans un rapport constructif à l’autre et à la société.  » [7]

Il s’agit de « considérer les enfants comme acteurs de leur développement, de les aider à développer leurs compétences cognitives, expressives et sociales, tout en favorisant leur bien-être dans un monde en pleine évolution sociale, économique, technologique, un enjeu essentiel pour l’éducation et la formation des adultes de demain.  » [8]

L’école est un espace d’accueil , [9] dans lequel élèves comme adultes, passent beaucoup de temps. Une interface connectée avec le monde. Un lieu essentiel dans la vie des enfants, un lieu de socialisation où se développent les individus. Elle doit s’efforcer de garantir les conditions de bien-être pour tous les usagers. En effet, la qualité de l’expérience scolaire et de ses interactions sont essentielles pour le développement des compétences sociales et émotionnelles de l’enfant, mais aussi pour ses capacités d’apprentissage. Certains pays, en particulier anglo-saxons et scandinaves, ont ainsi fait du bien-être un axe important des reformes de leur système éducatif. [10]

« C’est dans les années 90 que le terme de « compétence psychosociale » a fait son apparition en France dans le domaine de la promotion de la santé. Il fait référence aux travaux menés par l’OMS et l’UNESCO, qui définissent dix compétences à développer au cours de l’éducation pour permettre l’adoption de comportements favorables à la santé et à l’ajustement de l’homme à son milieu. (…) Les compétences psychosociales sont la capacité d’une personne à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne. C’est l’aptitude d’une personne à maintenir un état de bien-être mental, en adoptant un comportement approprié et positif, à l’occasion des relations entretenues avec les autres, sa propre culture et son environnement. » [11]

Les expériences que vivent les élèves dans le cadre scolaire ont une influence sur leur vie en général et sur leur développement personnel. Le bien-être est un élément important à considérer, car il participe au devenir de la personne, à son adaptation sociale, à son épanouissement, à ses relations sociales et à sa qualité de vie.

«  Le bien-être des élèves, entendu comme l’appréciation subjective de leur expérience à l’école, revêt des enjeux majeurs en termes de santé publique, mais aussi de réussite éducative. Il est ainsi corrélé à une estime de soi plus importante et à de meilleurs résultats scolaires. Inversement, les jeunes qui n’aiment pas l’école ou qui se considèrent comme déconnectés de celle-ci sont plus sujets au décrochage scolaire et aux problèmes de santé mentale. Une politique éducative se fixant pour but d’améliorer le bien-être des élèves contribue donc au capital humain et social des générations futures.  » [12]

À l’école, la notion de bien-être est étroitement liée à la notion de climat scolaire qui fixe un cadre. Le bien-être à l’école se rapporte à l’individu, au ressenti des élèves et de leur scolarité. [13] « La notion de « climat » repose, elle, sur une expérience subjective de la vie scolaire qui prend en compte non pas l’individu, mais l’établissement en tant que groupe large et les différents groupes sociaux au sein et autour de l’établissement.  » [14]

La notion de climat scolaire

Le climat scolaire concerne toute la communauté éducative. [15] Il « reflète le jugement qu’ont les parents, les éducateurs et les élèves de leur expérience de la vie et du travail au sein de l’école.  » [16] L’école n’est donc pas un lieu neutre, mais bien un lieu de vie. Le climat scolaire renvoie à l’analyse de l’environnement d’apprentissage, du contexte de vie, de la construction du bien vivre, du bien-être pour les élèves, et pour les personnels dans l’établissement.

«  Le climat scolaire repose sur les modèles qu’ont les personnes de leur expérience de vie à l’école. Il reflète les normes, les buts, les valeurs, les relations interpersonnelles, les pratiques d’enseignement, d’apprentissage, de management et la structure organisationnelle inclus dans la vie de l’école. » [17]

Selon les scientifiques, le climat scolaire se compose de cinq éléments [18] :

  • 1 Les relations : positives, elles permettent le respect de la diversité, la promotion de décisions partagées, la participation des élèves, la collaboration, l’entraide ; la participation des parents aux décisions, le partage d’une vision commune parents-professeurs sur l’apprentissage et la discipline, la mise en place de programmes d’assistance aux familles.
  • 2 L’enseignement et l’apprentissage : ils se traduisent par des attentes élevées en matière de réussite, une pédagogie différenciée, une aide apportée si besoin, un lien avec la vraie vie, une créativité valorisée, une participation encouragée ; un apprentissage social, émotionnel et éthique enseigné et valorisé, en lien avec les disciplines ; le développement professionnel des acteurs sur la base d’une évaluation des pratiques et d’une vision partagée, irréfutable et claire du projet de l’école.
  • 3 La sécurité : elle comprend la sécurité physique (plan de crise, règles, réponses claires et appliquées), la sécurité émotionnelle (tolérance à la différence, réponses au harcèlement, résolution des conflits).
  • 4 L’environnement physique : il peut être caractérisé par la propreté, un espace et du matériel adéquats, l’esthétisme, les offres extrascolaires ;
  • 5 Le sentiment d’appartenance : il peut se caractériser par le sentiment d’être relié à la communauté scolaire, par l’engagement, l’enthousiasme des professeurs et des élèves. [19]

La notion de climat scolaire fait l’objet de recherches depuis plusieurs années, car elle pose le cadre d’une réflexion pour un établissement de qualité, un lieu humain, un espace attentif aux besoins de ces usagers. Elle prend en compte aussi bien l’environnement physique que les relations entre les personnes au sein des établissements, les règles de vie et les pratiques pédagogiques.

Un des objectifs de la loi de juillet 2013 pour la refondation de l’école de la République est « d’offrir un cadre protecteur aux élèves, aux enseignants ainsi qu’à tous les acteurs intervenant dans l’école. Il s’agit notamment d’installer les « conditions d’un climat scolaire serein » afin de « favoriser les apprentissages, le bien-être et l’épanouissement des élèves » (…) mais aussi d’améliorer les relations entre l’école, les élèves et leurs familles entrés dans l’ère du Numérique.  » [20]

Se sentir bien à l’école, que l’on soit élève ou adulte est indispensable pour la réussite, l’efficacité et la performance de chacun. Il s’agit de favoriser l’engagement, de cultiver la motivation, d’éveiller la joie de travailler et de connaître, d’entretenir le plaisir d’enseigner, d’offrir le confort nécessaire aux apprentissages. Mais c’est aussi apprendre à vivre dans un monde qui change vite avec l’essor des nouvelles technologies. Pour cela, il nous faut réinventer de nouveaux espaces scolaires, induisant de nouvelles relations pédagogiques, un autre lien éducatif. Utiliser le numérique, pour donner les outils nécessaires à la réussite dans notre monde de plus en plus technologique. Construire une école ancrée dans son temps qui évolue avec la société.

Bien-être et design.

« Une réflexion sur l’espace scolaire, comme agent d’apprentissage et de bien-être en soi, s’impose. Les salles de classe doivent être flexibles afin d’accueillir des groupes de taille différente, des équipements et des pratiques pédagogiques variés. Les zones communes doivent être conviviales et favoriser les interactions sociales entre des élèves d’âges divers  ». [21]

Nous apprenons mieux dans un espace agréable. Nous travaillons mieux dans un lieu accueillant. Notre perception de l’environnement physique, notre ressenti de l’établissement, l’impression laissée par son esthétisme, le sentiment de sécurité qui s’en dégage, sont autant de facteurs qui contribuent au bien-être de chacun et donc au climat collectif, à l’ambiance scolaire. L’espace est un agent d’apprentissage et de bien-être, le design est un outil pédagogique, un dispositif d’organisation sociale.

« Le design est un processus intellectuel créatif, pluridisciplinaire et humaniste, dont le but est de traiter et d’apporter des solutions aux problématiques de tous les jours, petites et grandes, liées aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Potentiellement présent partout, en adéquation avec les modes de vie, les valeurs et les besoins des êtres humains, utilisateurs ou publics, le design contribue à la création d’espaces, à la communication de messages visuels et sonores, d’interfaces, à la production de produits et de services, afin de leur donner un sens, une émotion et une identité, d’en améliorer l’accessibilité ou l’expérience. » [22]

Nous sous-estimons le pouvoir de l’esthétique. Une jolie couleur, une forme sympathique, un objet charmant, un espace plaisant… Tout autant de termes récurrents qui viennent souvent décrire le sentiment esthétique de façon secondaire ou péjorative. Non, l’esthétique du mobilier ou la question d’une belle salle de classe n’est pas une simple coquetterie, une décoration inutile, une fantaisie accessoire. Ces questions influencent nos perceptions qui induiront ensuite nos comportements. [23]

« Les perceptions sont décisives (…) le design a une forte influence sur l’engagement émotionnel et l’utilisabilité. En effet, un beau design crée une réponse positive dans le cerveau, ce qui améliore en plus nos capacités cognitives : ‘’ Les choses attrayantes font du bien aux gens, et les font réfléchir de manière plus créative. En quoi cela peut-il faciliter l’’utilisation d’un objet ? Tout simplement en permettant aux gens de trouver plus aisément des solutions aux problèmes qu’ils rencontrent. ‘’ Donald Norman décrit là l’effet esthétique-utilisabilité. C’est un fait, les choses attrayantes fonctionnent mieux. » [24]

Imaginer un lieu esthétique pour créer un climat stimulant, pour donner envie d’apprendre. Développer un bel espace, l’organiser avec soin, porter une attention particulière à son aménagement, lui donner une personnalité, créer une atmosphère. Réfléchir à un espace de travail agréable pour développer des compétences, des apprentissages, agencer un mobilier confortable pour qu’il devienne un outil pédagogique. Offrir une expérience positive, engager émotionnellement pour développer la créativité et améliorer la qualité du travail scolaire. Favoriser le bien-être.

« Apprendre, enseigner, créer nécessitent des espaces particuliers qui ont évolué au cours du temps. Toutes les pédagogies nouvelles ont interrogé l’espace et le matériel scolaire avec deux exigences : une ergonomie liée au bien-être des élèves et au plaisir d’apprendre d’une part et une finalité liée à une esthétique intellectuelle tant le fond et la forme sont indissociables d’autres part. » [25]

Mettre en place une pédagogie, construire un lien éducatif, utiliser le numérique mobile nécessite une réflexion sur l’espace et son organisation. Le fond et la forme sont indissociables. Ainsi aménager un lieu pour permettre une autre façon d’apprendre et d’interagir avec les autres.

L’espace comme dispositif pédagogique. « La manière dont les tables sont agencées dans la classe n’est pas innocente. Pouvoir modifier rapidement cet agencement permet de modifier aussi le rapport à l’acte d’apprendre et l’investissement que peut y mettre un enfant.  »[Ibid, p178]

Utiliser la forme de l’école, l’aménagement du lieu, le design des objets, pour agir sur le fond pédagogique, pour activer les sujets. Modeler l’espace pour agir sur les usagers. Choisir du mobilier pour induire des interactions, offrir des possibilités nouvelles d’apprentissages, ouvrir l’horizon des connaissances et libérer les postures. Favoriser les corps mobiles, retrouver des esprits dynamiques, libres de circuler dans un espace pensé pour les usages du numérique.

« De même que la pédagogie fut inventée par les Grecs (paideia), au moment de l’invention et de la propagation de l’écriture, de même qu’elle se transforma quand émergea l’imprimerie, à la Renaissance, de même, la pédagogie change totalement avec les nouvelles technologies. » [26]

Loin d’être un environnement virtuel, le nouvel espace éducatif est celui qui prend en compte les nouveaux usages du numérique pour favoriser le bien-être des usagers. Un espace modulable, flexible qui s’adapte à ce nouvel environnement mobile. « Si les salles informatiques traditionnelles sont toujours en usage, l’introduction des tablettes, des smartphones, des baladeurs et du wifi fait entrer la mobilité dans et hors la classe. (…) Nous sommes entrés dans un univers connecté où l’on guette les panneaux « Wi-Fi » d’une part et les précieuses prises électriques d’autre part. L’immédiateté, voire l’impatience caractérisent les échanges. » [27]

Aujourd’hui, nos objets numériques changent notre rapport au travail. Mobile, sans fils, en présence, à distance, sur petits ou grand écrans… Ces interfaces nomades nous libèrent de la posture de bureau standardisée. Désormais, il est possible de préparer un cours avec sa tablette dans le confort d’un canapé ou de faire une recherche sur un « smartphone » assis par terre à l’extérieur. Ces nouvelles postures de travail impliquent un mobilier différent, obligent une réflexion sur l’aménagement des lieux, induisent une variété de propositions pour répondre aux besoins des usagers. L’espace numérique redonne du mouvement aux corps, stimule les esprits pour se connecter davantage au plaisir des apprentissages.

Le design comme la philosophie s’avise à rendre le monde plus habitable. Il recherche des formes nouvelles adaptées à leurs fonctions. Par son processus intellectuel créatif, il répond aux problématiques du quotidien par une esthétique moderne et fonctionnelle. Le designer conçoit du mobilier, des objets, des espaces. Il dessine la forme, organise la structure, choisit le matériau, la couleur et les proportions. « Mais une chaise n’est pas seulement une chaise. Elle est aussi tous les usages que nous en faisons. Cependant, l’objet ne répond pas seulement à un besoin pratique et utilitaire. La relation que nous entretenons avec lui dit beaucoup de nous, de notre rapport au monde et à l’environnement. Et l’objet ne se définit pas uniquement par sa matérialité et par sa forme. Il peut aussi influer sur notre relation à l’autre (pensons aux téléphones portables), changer radicalement nos modes d’existences (pensons à l’ordinateur). L’objet peut être un questionneur. » [28]

« Le design est une méthode de pensée dont le principe est d’être à l’écoute de la réalité du terrain, des relations entre les individus et les choses, entre les machines et l’environnement. Penser les objets dans un jeu complexe de relations sociales, culturelles, politiques et philosophiques. Les objets composent un milieu relationnel dans lequel nous vivons ; outre leur dimension fonctionnelle ou utile, les objets agissent sur un plan existentiel, induisant des relations, déterminant des interactions, révélant des structures mentales, des systèmes culturels et politiques. » [29]

Les objets, les espaces et les nouvelles technologies construisent notre perception de l’école d’aujourd’hui. « Les techniques ne sont pas seulement des outils, ce sont des structures de la perception. Elles conditionnent la manière dont le monde nous apparaît et dont les phénomènes nous sont donnés. (…) Nous vivons dans un environnement hybride, à la fois numérique et non-numérique, en ligne et hors-ligne, qu’il appartient aux designers de rendre habitable.  » [30]

L’école est une interface, un espace de connexion, un environnement hybride, numérique et non-numérique, dans lequel le design dessine notre réflexion éducative, rend visible notre ambition pédagogique, matérialise notre préoccupation du bien-être de ses usagers.