MISSION ESSAIMAGE : pour la persévérance scolaire !
Plus compliquée qu’elle n’y paraît.
Les débuts ont été difficiles, déstabilisants, presque une bataille avec moi-même et les autres, pour se faire une place, la trouver, l’affirmer, s’y sentir bien, avec le soutien de la direction et de l’inspection. Bien sûr, impossible d’essaimer tant que mon assurance n’était pas franche.
Soyez-en certains, le changement ne va de soi ! Du temps. Clairement nécessaire. J’essuie des échecs, des moments de doute, des échanges ou des retours houleux…
Pourtant, j’y crois fermement à cette classe flexible. J’observe des sourires se dessiner sur des visages heureux, j’entends des « mercis » à demi-mots, je sens leur motivation, je les vois prendre leurs marques… Vraiment, ils sont géniaux ses élèves, et moi, j’adore mon métier ! Il faut persévérer … pour eux … pour moi … parce que c’est ainsi que l’on vit ensemble un enseignement apaisé et serein.
Je m’efforce de répondre aux curiosités, bien entendu, parce qu’il y en a, fort heureusement.
Je tends, le plus possible, à favoriser l’adhésion de toute l’équipe au principe d’éducabilité, en cherchant à ouvrir les horizons de chacun sur la multiplicité des pratiques dont on peut s’emparer. Ô combien la tâche est complexe…
Une petite concertation est programmée pour les curieux. La porte de la salle est toujours ouverte, à qui veut et bien volontiers. Je ne désespère pas !
Et puis, finalement, au lycée, délicatement, une petite équipe pilote émerge (une qui ne me prend pas pour une illuminée !), pour mon plus grand ravissement !
Une collègue de PSE (prévention santé environnement) partage les mêmes envies, les mêmes objectifs pédagogiques et humains. Elle équipe également la salle où elle enseigne de ballons, de tapis, de poufs… et disposent ses tables en îlots. Elle s’attache à développer les softskills (ou compétences comportementales), le travail collaboratif, pense bien-être et plaisir de l’élève-individu… ! C’est parti pour une 2e salle flexible !
D’autres collègues se mettent à utiliser soit la salle, soit du matériel, pour une activité ponctuelle et me font des retours positifs…
Par exemple, une collègue de lettres sollicite les tapis de sol pour une séance lecture avec ses CAP. Ou encore, une collègue de gestion utilise les grandes ardoises pour certaines séances avec ses secondes. (Je pense d’ailleurs qu’elle va vite se diriger vers la classe mutuelle).
D’autres sont présents, malgré eux, dans le cadre de co-intervention au sein de l’Aide Personnalisée, de projets etc… Ce qui nous permet d’échanger et d’analyser cette pratique de classe, indispensable. Il y a parfois conflits, parce que nos visions de l’enseignement ne sont pas identiques et les élèves ne s’y retrouvent pas. Il faut faire quelques concessions, mais on avance, c’est l’essentiel.
Je reste intimement convaincue qu’il ne faut rien forcer, et laisser les choses évoluer progressivement et en douceur.
En somme, imposer et calquer, NON. Echanger/partager, se construire un projet personnel propre qu’on va vivre et dans lequel on se sent bien, OUI !
Ce qui me manque le plus ? Des échanges de pratiques entre pairs (la classe flexible s’étant surtout développée dans le premier degré). Aujourd’hui, il est donc devenu capital de communiquer sur cette expérience, d’où ces contributions.
- Les réseaux sociaux et le programme de formation Sens’ed jouent un rôle capital dans cette « mission essaimage ». Et, tout s’enchaîne, vite !
- Une 1ère contribution sur Archiclasse, la venue de la DANE dans la classe pour filmer une séance et interviewer des élèves, des sollicitations de collègues d’autres établissements que je reçois bien volontiers le temps d’une séance flexible, une approche de Canopé… Il est clair que la classe flexible attire et tant mieux !
Conclusion : il est plus facile d’essaimer en dehors de l’établissement dans lequel on enseigne … à méditer !
MISSION PROGRESSION : comment évoluer ?
La formation Sens’ed autour du développement professionnel me "rebooste", me rassure aussi, et surtout, me donne envie d’aller plus loin.
Dès mon retour (en novembre), je propose aux élèves une évaluation du dispositif sous la forme d’un questionnaire ouvert et anonyme pour sonder des besoins et connaitre leurs ressentis sur cet espace flexible.
Ce qu’il en ressort ? Des élèves-individus acteurs de leurs apprentissages, où chacun trouve sa place et prend plaisir à apprendre. Soit, une appétence scolaire accrue. Pari gagné !
« L’école de la confiance ». Cette maxime prend alors tout son sens !
Il en résulte donc quelques ajustements.
De nouveaux aménagements à la demande des élèves. Un espace « sol » s’installe immédiatement à l’entrée de la salle regroupant poufs poires et galettes de sol. Nous recherchons actuellement un petit canapé et une table ronde.
De nouvelles pratiques pédagogiques. La salle voit arriver de grandes ardoises pour des activités mutuelles ou un nouveau support possible pour ses trouvailles, un pan de mur se recouvre de papier kraft destiné à la gestion de ses émotions ou « mur du bonheur », l’utilisation du sketchnoting, comme forme de rendu possible ou pour expliciter les notions complexes (par exemple, je travaille actuellement sur un « conte sketchnoté » rappelant les règles de grammaire de base et qui pourrait devenir une boîte à outils pour l’élève), le sprint des connaissances pour évaluer etc…
MISSION AVENIR : et après ?
Continuer à favoriser un climat scolaire serein et le bien-être au travail pour tous, tout en promouvant l’égalité des chances autour :
De demandes de plus en plus folles… comme abattre la cloison au fond de la salle pour en faire une plus grande, investir la niche à proximité dans le couloir, faire cours dehors et dans l’ensemble du lycée…
De projets d’innovations pédagogiques : accentuer la méthode « plan de travail » à la manière de Freinet, autour d’une réflexion sur le temps (et une réorganisation de l’EDT) pour une pédagogie vraiment différenciée, intégrer et utiliser le design thinking en classe (puisque j’en ai reçue la formation), et réfléchir autour de l’évaluation …
Du matériel nouveau : des feutres pour écrire sur les fenêtres, une table ronde, un petit canapé si le financement est prévu et budgétisé sur l’année prochaine…
En somme, toujours plus loin, pour le bien-être de l’élève !