un dossier spécial

Expérimentation en CP dédoublés

Accéder directement au contenu de l’ Expérimentation en CP dédoublés

NB : vous pouvez afficher le sous-titrage de cette vidéo en utilisant le bouton du lecteur (choisir : « Français »).

Éléments introductifs

Notre école ne donne pas les mêmes chances de réussite à tous les élèves. La France est le pays européen le plus affecté par le poids des origines sociales sur le devenir scolaire des élèves. L’article L.111.1 du Code de l’éducation, précise que le service public de l’éducation « reconnaît que tous les enfants partagent la capacité d’apprendre et de progresser. Il veille à l’inclusion scolaire de tous les enfants, sans aucune distinction… » L’éducation prioritaire est au cœur de cette question centrale posée à l’ensemble du système éducatif du fait de la concentration des difficultés sociales et scolaires des territoires concernés. Or, pour atteindre l’objectif qui lui a été fixé – réduire à moins de 10 % l’écart de maîtrise des compétences en fin de CM2 entre les élèves de l’éducation prioritaire et ceux scolarisés hors éducation prioritaire –, il est apparu la nécessité de conduire une refondation pédagogique profonde de cette politique qui est bien portée par le référentiel de l’éducation prioritaire qui sert de cadre aux projets de réseaux dans lesquels s’inscrivent les écoles élémentaires où les CP et CE1 sont désormais dédoublés ou en voie de l’être.

Une pédagogie qui répond aux besoins de l’enseignement en éducation prioritaire

L’expertise des personnels et les données de la recherche ont largement contribué à nourrir le référentiel de l’éducation prioritaire, ainsi que les orientations exposées dans la circulaire du 4 juin 2014.
Les travaux de recherche sur l’enseignement en milieu populaire ont montré l’importance d’une action centrée sur le cœur de la classe, dans le quotidien des enseignements. Le travail en éducation prioritaire est avant tout pédagogique.

Le référentiel identifie quatre entrées décisives :

  • Enseigner plus explicitement les compétences nécessaires aux apprentissages, rendre explicite aux élèves ce qu’il s’agit d’apprendre, de comprendre et comment.
  • Encourager, motiver les élèves dans une approche bienveillante et exigeante qui veille à des modalités d’évaluation, qui marquent l’investissement et les progrès des élèves, et au développement des potentialités de tous.
  • Développer des organisations pédagogiques qui prennent en compte les besoins des élèves au cœur de classes composées de façon hétérogène.
  • Accompagner les élèves dans leurs apprentissages et dans la construction de leur parcours scolaire, favoriser leur scolarité dès l’âge de deux ans et les accompagner dans la durée, notamment pour leur autonomie dans la prise en charge du travail personnel.

La formation et le travail collectif des personnels sont développés et organisés au sein des réseaux. Les pratiques professionnelles se construisent et se réfléchissent collectivement pour mieux répondre aux besoins des élèves et des personnels. L’organisation du temps de travail des enseignants dans les REP+ favorise ces temps partagés.

Des formateurs ont été formés nationalement pour être aux côtés des équipes et accompagner ces temps qui favorisent le développement d’organisations professionnelles apprenantes.

La recherche a montré que les élèves des classes à effectifs réduits réussissent mieux que ceux scolarisés dans les classes témoins. Ce gain s’observe dès la première année et se maintient ensuite, y compris quand les élèves des classes à effectifs réduits ont rejoint des classes de même taille que les autres.

Réduire les effectifs des classes n’est pas le seul critère de réussite du dispositif. La mise en place d’une pédagogie adaptée est également nécessaire. L’enseignement doit être particulièrement structuré, progressif et explicite. Le dossier de la DGESCO sur l’enseignement explicite propose des ressources dans cette perspective.

La question de la manière de travailler sur l’hétérogénéité des groupes d’élèves (toujours préférables à des groupes prétendument homogènes) est également un point particulièrement important développé dans le dossier sur la gestion de l’hétérogénéité.

On trouvera également sur ce point des ressources importantes grâce à la conférence de consensus du CNESCO sur la différenciation pédagogique.

Les programmes et orientations ministérielles concernant les principaux domaines de l’enseignement constituent des ressources indispensables pour préparer la classe :

Des conseillers pédagogiques et formateurs de l’éducation prioritaire ont proposé quelques pistes de travail auxquelles il ne faut pas manquer de penser quand on enseigne en groupes à effectifs réduits :

Aménager l’espace de la classe

  • L’aménagement de l’espace est une des réponses à l’un des risques identifiés du « petit groupe » : élève continuellement sous le regard de l’enseignant. Des petits espaces aménagés doivent lui permettre de s’ « échapper » … On pourra également construire une grille d’observation des élèves pour mieux adapter l’espace à leurs besoins.
  • Prévoir plusieurs espaces dans la classe : Espace de regroupement, Espace de travail, affichage évolutif,
  • S’inspirer des espaces modulables de la maternelle, créer des espaces thématisés : espace sciences, espace d’écoute d’albums lus, espace d’écriture…
  • Penser l’espace pour faciliter l’observation des élèves au travail par le(s) enseignant(s)
  • Penser également la mobilité des élèves hors de la classe, repenser l’espace de l’école…

Favoriser le travail collectif de l’équipe enseignante

Ce travail d’équipe permet de travailler et de préciser collectivement les objectifs d’apprentissage (la compréhension, le code, l’écriture..), de partager l’analyse des obstacles rencontrés par les élèves, de mieux répondre à leurs besoins, etc.. Il permettra en particulier :

  • l’harmonisation et partage au sein du réseau d’outils, de progressions, de cahiers de suivi etc..Des manuels, de leur utilisation
  • l’exploitation collective des évaluations diagnostiques communes, en équipe de réseau (importance du rôle du coordonnateur, du conseiller pédagogique, du ou des formateurs éducation prioritaire)
  • le renouvellement des évaluations en milieu d’année pour voir comment les choses ont évolué
  • l’importance et la qualité de la liaison maternelle / élémentaire, GS/ CP, du suivi des élèves en CE1
  • la réflexion autour des emplois du temps

Respecter le principe d’hétérogénéité des groupes

  • pour mieux connaître les élèves et mieux comprendre ce qu’ils ne comprennent pas en les observant (rythmes des élèves, leur manière de s’approprier les savoirs …) et en les écoutant (conduite d’entretien, bilan de savoirs),
  • prendre en compte ces observations et analyses, sans forcément individualiser, mais en adoptant des gestes pédagogiques que l’on met en œuvre en collectif,
  • adapter le guidage aux élèves Etayage /des-étayage,
  • développer les échelles de progrès qui permettent de situer les élèves.

Associer les parents d’élèves

  • expliciter aux familles l’aménagement de l’espace, les organisations, modalités de travail…
  • en développant par exemple la « classe ouverte en activité » (mallette des parents) plus facile à organiser avec 12 (moins de risque de perturbations, des échanges plus personnalisés..)
  • ainsi que des rencontres individuelles moins lourdes à organiser régulièrement.

Des aides possibles pour la construction et l’aménagement des locaux scolaires en éducation prioritaire

A court terme

S’agissant des interventions sur les infrastructures et le patrimoine scolaires, la dotation politique de la ville (DPV) la dotation de soutien à l’investissement local (DSIL) et la dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR), pourront être utilisées en fonction des difficultés rencontrées localement par les communes et les EPCI :

  • la DPV, est mobilisable pour la réhabilitation des bâtiments scolaires : Elle doit être privilégiée pour les communes situées en QPV, pour traiter les situations les plus urgentes, prioritairement en REP+ (on se reportera à la liste des communes éligiblesà la DPV dans la circulaire 2018).
  • la DSIL (article L. 2334-42-5° du Code Général des Collectivités Territoriales) peut désormais financer des projets de création, transformation et rénovation des bâtiments scolaires comme la construction d’un bâtiment ou d’une nouvelle salle de classe ou des aménagements de moindre ampleur visant à faciliter le travail des professeurs. La circulaire 2018 relative à la DSILprécise les modalités de demandes et d’octroi de subventions.
  • la DETR pourra être mobilisée pour des projets de travaux essentiellement situés dans les écoles REP des territoires ruraux.

A moyen terme

Le nouveau programme national de rénovation urbaine (NPNRU), porté par l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU), pourra contribuer à l’accompagnement des restructurations lourdes qui concerneront les 400 quartiers bénéficiant d’opérations de renouvellement urbain, la dotation sera prioritairement orientée, en complément de la mobilisation du droit commun par les communes, vers le financement de travaux ou d’acquisitions permettant des constructions scolaires.