une salle de permanence au collège

La perm’ repensée pour le travail personnel

Une réflexion sur les espaces d’apprentissage qui s’inscrit dans le cadre d’innovations systémiques au collège par Delphine Roux, Principale de collège Jardin des Plantes à Poitiers

Quand la « salle de permanence » devient un B.A.R au collège

Depuis 2014, le collège Jardin des Plantes à Poitiers a ouvert un Bureau d’Aide Rapide, appelé communément BAR, sur la pause méridienne. L’objectif initial était de prévenir le décrochage scolaire en apportant une aide pédagogique rapide et personnalisée aux élèves et de favoriser les temps d’échanges hors cours.

Le créneau choisi à cet effet a été le 12h45-13h15 soit 30 minutes sur la pause méridienne avec un roulement de professeurs volontaires.

A la rentrée scolaire suivante, en septembre 2015, le dispositif a été évalué et modifié, notamment concernant le mode d’inscription et le suivi des élèves. En effet, il a été décidé que les élèves devraient s’inscrire au préalable à la vie scolaire et avoir une autorisation de circuler dans les couloirs. Les visites au BAR sont alors notées dans un cahier de suivi afin de pouvoir faire un bilan trimestriel de fréquentation. De plus, la mention de cette aide ainsi que son bilan à chaque conseil de classe, incite fortement les élèves à s’y rendre et permet aux parents d’avoir connaissance de cette possibilité de travail pour leurs enfants. La communication de ce dispositif est essentielle à son bon fonctionnement et au succès de fréquentation, aussi, avons-nous cette année développé les médias de communication : affichage dans l’établissement, flyers, informations sur Pronote, le site du collège et Twitter.

Fréquentation et Indicateurs

La fréquentation du BAR est croissante au cours de l’année, avec des moments phares comme les périodes pré-examens blancs et pré-examens. L’inscription se fait à la vie scolaire le matin même, ce qui permet aux enseignants de mesurer la fréquentation du jour. Certains élèves ne s’inscrivent pas et viennent de façon improvisée, ils inscrivent alors leur nom et classe sur un registre qui nous permet à chaque fin de trimestre, de faire des statistiques de fréquentation, par niveau, par classe, par élève et de les transmettre aux professeurs principaux avant les conseils de classe. Nous constatons une inégalité d’occupation du BAR, en effet, peu d’élèves de 6ème osent s’aventurer au BAR et préfèrent encore jouer ou participer à des activités ludiques (chorale, UNSS...).

La majorité des élèves qui fréquentent le BAR se situe en classes de 4ème et 3ème, ils représentent 70% de l’effectif global.

Les indicateurs qui nous permettront de mesurer l’effet du BAR sur le résultat scolaire des élèves seront les notes et surtout l’évolution de celles-ci dans des disciplines cibles. De plus, le BAR a un effet positif sur le climat scolaire car il modifie le rapport élève- enseignant et crée un climat de confiance.

Les financements

Les enseignants se positionnent à tour de rôle sur un planning d’animation du BAR, ainsi, les professeurs volontaires s’inscrivent sur le créneau de la semaine qui les arrangent. Ils s’engagent ainsi à être présents 30 minutes dans la semaine ou sur une quinzaine s’il y a beaucoup d’enseignants de la matière. Certains enseignants ne souhaitent pas être disponibles pour le BAR qui se situe sur la pause méridienne entre 12h45 et 13h15. Certaines disciplines ne sont pas du tout représentées : EPS, Arts, éducation musicale, Techno et Histoire-géographie

Les enseignants sont rémunérés en HSE comptabilisées sur le trimestre. Le fait que ce soit des 1⁄2 heures permet de payer le travail effectué.

Les espaces revisités grâce au numérique

Le BAR rencontre beaucoup de succès auprès des élèves et nous sommes obligés désormais de repenser les espaces et les modes de travail car une salle de classe ne suffit plus, nous devons souvent en ouvrir une autre adjacente.
Le travail réalisé au BAR peut varier entre :

  • Type 1 : le cours particulier du type 1 prof=1 élève
  • Type 2 : un travail en petit groupe de révisions 1 prof = 3 élèves
  • Type 3 : un travail en grand groupe 1 prof= 10 élèves
  • Type 4 : un travail en autonomie 0 prof= 3 élèves

Aussi, ces différents types d’activités ne nécessitent-ils pas les mêmes espaces de travail ni les mêmes outils. Les axes d’amélioration sont à réfléchir vers les espaces et les apports du numérique.

  • Un groupe de travail sur l’architecture des espaces de travail numérique s’est donc constitué, il est piloté par la cheffe d’établissement et regroupe les professeures RUPN, une enseignantes de français innovante et un membre expert de la DANE de Poitiers. C’est l’usage quotidien de ces espaces par les élèves et les enseignants qui nous en révèle les limites actuelles. L’espace « salle de permanence » ou « salle de classe » est devenu obsolète et ne permets plus, par son immobilisme, d’y travailler de façon contemporaine et collaborative.
  • Les espaces peuvent être réaménagés en fonction des typologies d’activités : mobilier différent, mobilier aménagé de façon différente, espaces d’écritures aux murs variés (TBI, fenêtres, tableaux…), espace dédié au professeur, espace de ressources…
  • Par exemple, un espace plus convivial, permettant au corps d’être dans une posture confortable et ouverte aux autres, constitué de 3 ou 4 poufs disposés en cercle pour les révisions de devoirs ne nécessitant pas de travail d’écriture, type 2 ou 3.

    Titre : travail de type 2 ou 3
    Source : http://sydologie.com/2015/02/5-initiatives-repenser-lespace-dapprentissage/

Des tables disposées en carré ou rectangle avec espace libre au centre pour le professeur sur chaise mobile qui pourra ainsi se déplacer au centre du rectangle et aller vers chaque élève demandeur. Cette disposition permet également l’échange entre les membres du groupe, le débat, la présentation orale, le dialogue.

Chaises pour travail de type 4

Des chaises mobiles avec tablettes pourraient être utilisées afin de favoriser les échanges et partages entre pairs pour le travail collaboratif et l’entraide. Ce mobilier astucieux permet le nomadisme dans la classe et apporte une très grande agilité aux pratiques.

Il faut également réfléchir à la possibilité de brancher les équipements numériques des élèves en augmentant le nombre de prises dans la salle, au mur ou au sol. Prévoir les câblages et adaptateurs permettant la diffusion sur écran ou d’un appareil à l’autres.

  • Le travail de type 4, c’est-à-dire en autonomie mais avec des enseignants à proximité est le cadre idéal pour la démarche BYOD, Bring Your Own Device. Installer une borne Wifi mobile dans la salle et permettre aux élèves d’utiliser leur propre tablette ou smartphone afin d’y effectuer des recherches, des révisions, des prises de notes, des montages photos et/ou vidéos... Ce travail dans une démarche BYOD nécessite un cadrage fort et concerté. Une charte d’utilisation des devices devra être élaborée conjointement entre les élèves et les enseignantes RUPN, permettant ainsi sa conscientisation et son adhésion. De plus, cette charte doit être communiquée aux parents et validée par une signature de leur part.

Envisager, pour les élèves, des temps de formation ou de sensibilisation aux médias, à l’utilisation des réseaux sociaux, à la recherche documentaire sur Internet, aux Gaffa, au big Data…permettra de prévenir les risques et les éventuelles dérives. L’idéal étant d’inscrire à l’Emploi du temps, une heure bimensuelle à cet usage en sollicitant par exemple le CLEMI.

Conclusion

Le BAR est véritablement l’élément phare du dispositif innovant et systémique BVS. Il s’appuie sur les forces vives du collège, à savoir les enseignants et offre aux élèves la chance de pouvoir être accompagnés de façon individualisée dans leurs apprentissages.

Afin d’optimiser ce dispositif, il faut désormais accompagner le changement de décor en investissant dans du mobilier agréable, moderne et ergonomique. Il s’agit alors d’un choix d’établissement puisque le financement de ce mobilier ne peut pas incomber seulement aux collectivités territoriales. Une présentation de projet et une négociation sera sans doute nécessaire pour finaliser les questions épineuses du financement.

Il faudra en outre, développer et accompagner les usages du numériques à travers la démarche BYOD ou AVAN, ce qui permettra aux élèves d’acquérir davantage d’autonomie dans leur travail.