au collège Louis Braille (Eslby)

Réflexion et projet d’aménagements des espaces éducatifs

Un témoignage de Boris Chianale, principal du collège d’Esbly dans l’académie de Créteil.

L’équipe pédagogique du collège Louis Braille à Esbly (Seine-et-Marne – Académie de Créteil) s’est lancée en janvier 2018 dans un projet ambitieux de réflexion sur l’impact de l’aménagement des espaces éducatifs sur la pédagogie et le climat scolaire.

Un groupe d’une quinzaine d’adultes du collège, de l’académie de Créteil et des partenaires extérieurs s’est réuni régulièrement tout au long de l’année pour réfléchir et mener à bien ce projet. Ce groupe hétéroclite est composé de professeurs du collège de différentes disciplines dont la coordinatrice Ulis, une enseignante de SEGPA, la professeure documentaliste, la directrice de Segpa et la direction du collège mais aussi de membres de la Direction Académique au Numérique et de la Cardie de Créteil et de partenaires.

Au collège, une place importante est accordée à l’innovation à travers une dynamique collective positive et prégnante dans le travail au quotidien. Une culture profonde du projet et de l’inclusion est développée veillant à renforcer l’autonomie des élèves, la personnalisation et l’individualisation des parcours à partir des ressources multiples de l’établissement.
L’investissement et l’autonomie des élèves sont deux préoccupations fortes de l’établissement qui amènent l’équipe éducative à réfléchir aux leviers, tels que les projets interdisciplinaires et les EPI, qui les favorisent.
Ces éléments sont les points d’entrée pour aller plus loin dans la mise en œuvre du projet, débuté en janvier 2018, qui s’intitule « Comment l’aménagement d’espaces éducatifs peut-il favoriser et permettre une pédagogie active au service de la réussite des élèves ?  ».

Quels attendus ?

Dans un premier temps, le travail a consisté à réfléchir et définir collectivement les attendus de ces aménagements :
 transformation de l’établissement en réel lieu de vie propice à un apprentissage bienveillant, personnalisé, collaboratif, au bien-être et à l’autonomie ;
 conforter la dynamique de projet et les enseignements pratiques interdisciplinaires ;
 favoriser et développer les usages des Tice dans le cadre des enseignements et des projets,
 conforter le climat scolaire de l’établissement ;
 développer les pédagogies innovantes et différenciées, Faciliter la mise en œuvre des inclusions et la personnalisation des parcours individualisés.

Pour quels espaces ?


Dans un deuxième temps,
le travail a consisté à déterminer une liste des premiers espaces susceptibles d’y répondre :

  • salle de cours réservable par tous ;
  • centre de connaissances et de culture ;
  • maison des collégiens ;
  • salle et espace multisensoriel du dispositif Ulis ;
  • couloirs, mezzanine et halls ;
  • salle de cours de sciences ;
  • salles de cours classiques.

    Dans un troisième temps,
    le travail a consisté à compléter la réflexion initiale en se documentant sur des travaux en liens avec les aménagements d’espaces dans les écoles, collèges et lycées en France, en Belgique, au Canada, aux États-Unis, en Finlande.

Ces trois étapes ont permis d’élaborer un protocole de travail commun à chacun des espaces en termes de fonctionnalités, composé de trois étapes :
 1ère étape : Détermination pour chaque espace des fonctionnalités (fonctions et organisation) des micro-zones qui le composent.
 2nde étape : Définition de chaque micro-zone. Pour qui ? Pour quoi ? Avec quoi ?
 3ème étape : Modélisation de l’espace en 2D ou 3D

Protocole de travail commun mis en place pour chaque espace éducatif

Pour chacun des espaces et des micro-zones qui les composent, la réflexion menée s’est appuyée sur les modalités en termes d’accueil, de bien être, d’usages et de fonctionnalités.
Les utilisateurs doivent percevoir clairement et distinctement les différentes micro-zones, leurs organisations et les mobiliers qui les composent. Ces éléments doivent permettre aux usagers de déterminer le lieu – les lieux qui répondront à leurs besoins : travail individuel, collectif, collaboratif … ressources mises à disposition (documentaires, numériques, matériel, …).

Une attention particulière a été portée :
 aux assises possibles : chaises classiques, à roulettes, avec possibilité de différents types d’assises, chaises hautes réglables en hauteur, tabouret avec embase culbuto permettant à l’utilisateur de s’incliner et de pivoter dans toutes les directions, pouf, banquette, cube permettant de bouger tout en apprenant ;
 aux surfaces de travail : tables individuelles ou collectives modulables, tables hautes et tables basses, îlot central permettant de lancer des activités, de travailler, de procéder aux remédiations, murs d’écriture, tableaux blancs sur roulettes, etc … .

Ces espaces doivent aussi être modulables et permettre d’être adaptés en fonction de modalités de cours ou d’usages pour chacun d’eux.
Ils doivent permettre de « Bouger pour apprendre ! » et de répondre « Au bien-être » de manière générale.
En parallèle à ces trois étapes, la réflexion s’est aussi portée sur la mise en place de protocoles de travail au service des enseignants ainsi que d’un accompagnement de la DAFPEN (Formation continue académique) sur un plan de formation sur 3 années défini en termes de besoins de formation : pédagogie de projet, pédagogie active, élaboration et évaluation d’un projet, élèves à besoin particuliers, différenciation pédagogique, bien-être, communication non violente, …

Exemple de travail et de réflexion collaboratifs.

Les élèves du dispositif Ulis ont au même titre que leur enseignante et leur AVS participé à la réflexion et la mise en œuvre du réaménagement de leur espace classe et à la conception d’un espace Multi-Sensoriel d’inspiration Snoezelen.
A partir du protocole de travail commun mis en œuvre pour chacun des espaces (voir ci-dessus), ils se sont documentés, ont visité une salle Snoezelen dans un IME, ont rencontré une psychomotricienne, se sont rendus au salon de l’Education, ont rencontré des fournisseurs et ont pu ainsi avec leur enseignante déterminer pour chacun des espaces, les micro-zones et leur fonctionnalités, procéder aux choix du mobilier (acheté ou récupéré et/ou modifié au collège) et à l’installation des deux espaces.
Les choix sont effectifs et mis en place depuis le 1er janvier 2019.
Les élèves et leur enseignante ont révolutionné le travail au quotidien, les usages des différents espaces et renforcé l’autonomie des élèves, la personnalisation et l’individualisation des parcours.

Objectifs du projet pleinement atteints et opérationnels !

Fonctionnalités et micro zones du dispositif Ulis

Dispositif Ulis : Pour qui ? Pour Quoi ? Avec Quoi ?

Dispositif Ulis : Modélisation 2D

Dispositif Ulis : Espace Multisensoriel

Poursuite du projet

Les premiers lieux modifiés, à partir de la démarche décrite ci-dessus, sont opérationnels. Il s’agit par exemple d’une grande salle B208 réservable et utilisable par tous les personnels, de salles de cours réaménagées, de l’espace multisensoriel du dispositif Ulis et d’un second espace du même type à l’attention de l’ensemble des élèves du collège.

Après cette première phase de travail réalisée, le groupe de réflexion s’est étoffé et compte à présent une dizaine d’adultes supplémentaires ainsi que des élèves du cvc et de différentes classes.

Les premiers usages des espaces aménagés apportent leur lot de réflexions, de confirmation, de modification, de création de nouvelles idées et modalités d’usages.
Le projet poursuit son chemin en termes d’aménagement, de pratiques pédagogiques et d’usages des différents espaces. De nouvelles idées apparaissent et se développent.

Achats et financements.

Le choix de l’établissement a été de mettre en place rapidement les premiers espaces (11 mois entre les premières réflexion et l’utilisation par les élèves des nouveaux espaces aménagés).

Ce choix avait deux raisons :

  • une volonté de présenter aux partenaires un projet le plus abouti possible aussi bien dans sa phase d’élaboration que dans sa phase d’expérimentation ;
  • un projet relativement innovant dans sa méthodologie d’organisation, de travail que dans sa dynamique ce qui nécessite du temps pour être perçu par les différents partenaires.

De ce fait, le collège a fait le choix d’autofinancer les premiers achats de matériels et de mobiliers en débloquant 30 000 euros dans ses fonds de réserve.
Une autre partie importante du financement du projet concerne la formation et l’accompagnement en terme d’expertises. Cette partie (non chiffrée) est prise en charge par différentes structures du Rectorat de Créteil : CARDIE (Cellule Académique Recherche Développement Innovation Expérimentation), DANE (Délégation Académique au Numérique Educatif), DAFPEN (Délégation académique à la formation des personnels enseignants, d’éducation et d’orientation). Ces acteurs ont été associés au travail mené et ont répondu très rapidement favorablement à ce financement à travers leurs structures.

Le projet a été présenté officiellement aux représentants (vice-présidente, directrice de l’Education, directeur des bâtiments) du Conseil Départemental de Seine-et-Marne le 17-01-2019 (moins de 11 mois après le début des premières réflexions). Il a reçu un accueil favorable. Le CD77 intervient dans le projet en tant que propriétaire des lieux et partenaire institutionnel. Un budget, pour les travaux (éclairage, sol, poses fenêtres dans cloison, études suite projet, …) des premiers lieux aménagés, de 90 000 euros a été débloqué pour l’année 2019.
Le collège recherche aussi des collaborations et des financements auprès de partenaires privés. Une première convention a été signée avec la société Manutan Collectivités.

Photos du projet

Dispositif Ulis : salle de cours AVANT

Dispositif Ulis : salle de cours APRES

Dispositif Ulis : espace multisensoriel

Dispositif Ulis : appropriation des espaces

Dispositif Ulis : appropriation des espaces

Salle B208 AVANT

Salle B208 APRES

Salle B208 APRES – suite

Autre salle aménagée

Autre salle aménagée