à l’école élémentaire

Une classe flexible au service des apprentissages

Un témoignage de Sandrine Rébéna, Directrice de l’école de Marcillac St Quentin, école primaire de quatre classes (Dordogne, académie de Bordeaux)

Contexte

L école primaire publique de Marcillac St Quentin est située dans le département de la Dordogne en zone rurale. Ce projet de classe flexible est né suite à l’agrandissement de l’école. Nous avons eu la chance de travailler avec l’architecte qui avait prévu des classes ouvertes sur l’extérieur et lumineuses grâce à de grandes baies vitrées. Nous avons eu la confiance de la mairie qui nous a donné carte blanche non seulement pour aménager les deux nouvelles classes mais aussi pour réaménager les anciennes classes.

Une réflexion sur la pédagogie...

Cela faisait 2-3 ans que nous avions envie de changer notre pédagogie. Nous avions une pédagogie de projets, très porteuse, mais cela ne suffisait plus, les enfants ont changé depuis quelques années. On était parasitées par des « tiens-toi bien, pose ton crayon, ferme ta trousse, pourquoi t’as enlevé tes chaussures ? »
Nous discutons beaucoup de nos pratiques (tous les midis !!) et nous faisions le même constat : syndrome de la parlotte et syndrome de la bougeotte !!
Nous avons lu ce qu’il se faisait « ailleurs » et nous avons aimé le « flexible seating » (ou classe flexible) canadien. Nous nous sommes documentées, formées… Nous avons monté un projet pour la mairie, qui nous a toujours accompagnées dans nos projets.

L’idée directrice de ce projet a été de mettre en parallèle une école rurale, son aménagement flexible, son équipement numérique (4 TBI, 12 anciens et 12 nouveaux ordinateurs portables, 10 iPad, 6 robots) et sa pédagogie de projets au service des apprentissages.

Tous les ans un projet commun aux 4 classes, les enfants de la TPS au CM2 travaillent ensemble sur ce thème. Cette année par exemple c’est l’Histoire et en numérique création d’une Webradio qui permet d’expliquer les activités (ex : fabrication d’une grotte préhistorique, module de fouilles, sortie à la grotte de Cougnac… lecture de lettres de poilus.

Tous les ans nous avons une « semaine décrochée" pour travailler différemment, où on mélange les enfants de TPS au CM2 par groupe sur des ateliers.
Et pour finir l’année une classe découverte pour toute l’école ! (Cette année : peinture rupestre, campement, feux, silex, calligraphie, musée Champollion des écritures du Monde …)

Toute l’équipe enseignante de notre école de 4 classes a choisi de s’engager dans ce projet en misant sur une organisation pédagogique de type « classe flexible » pour développer une nouvelle approche de la notion de « classes » grâce à des centres autonomes de travail. (C’est notre base de travail pour la semaine, où les élèves vont manipuler, s’exercer, jeux autocorrectifs ou tests et qui permet la différenciation. Certains enfants ont des priorités (les plus faibles, les Dys) d’autres sont encouragés. (les EIP par ex !))

Cet engagement est né de l’envie commune de changer de pédagogie et d’avancer ensemble ! On est une vraie équipe ! Nouveau projet : les neurosciences ! En ce moment, on est en train de se former sur les sciences cognitives (lien avec Jean-Luc Berthier et sa Cogniclasse) et sur l’attention (lien avec Jean-Philippe Lachaux, (dispositif Atole) conférence lors de la journée de l’Innovation à Bordeaux)

Nous avons beaucoup réfléchi, nous avons beaucoup lu et nous nous sommes formées personnellement. Ainsi, nous sommes passées d’une « pédagogie frontale » à une pédagogie « côte à côte » où chaque enfant avance à son rythme dans la joie et le plaisir de venir à l’école. La pédagogie frontale avec un groupe est utilisée pour les nouvelles notions. Sinon nous circulons entre les élèves pour étayer, aider, conforter, valider. Nous avons vraiment du temps pour chacun maintenant. Les plus fort nous sollicitent peu et nous pouvons ainsi aider plus facilement les autres. Il y a aussi beaucoup de coopération entre les élèves.

... et une projection sur les espaces et le mobilier

Le budget d’aménagement des 2 classes a été utilisé pour les 4 classes (mobiliers…) nous avons repeint des meubles, récupéré …
J’ai commandé directement ce dont nous avions besoin chez un fournisseur de mobilier qui s’est spécialisé sur "l’école de demain" et nous avons choisi nos tapis, coussins, poufs, ... dans un magasin local !
Nous avons passé une semaine pendant les vacances d’avril pour tout aménager car l’inauguration (avec parents,élus, maire de Sarlat, le Conseil Général, le sous-prefet...) était prévu le samedi 14 avril 2018, donc tout devait être prêt.

Avantages de l’aménagement flexible

Une classe flexible est une classe qui offre un milieu de vie chaleureux et stimulant, où chaque acteur (élèves mais aussi enseignants), se sent bien pour développer ses potentialités et où règne le bien vivre ensemble.

L’aménagement flexible de la classe permet à l’enfant de choisir sa place (mobilier adapté : ballons, galettes à picot, Z’tool, chaises à roulette, tabourets oscillants coussins, tables basses, tables en ilot, tables seules …), il n’y a plus de casiers, ni de places attitrées, les élèves peuvent, travailler en groupe, seul, changer de voisins selon les activités. Cette nouvelle liberté de « bouger » correspond beaucoup plus au rythme des enfants et ils se sont vite approprié les nouveaux outils.
On pensait mettre des règles au début mais comme les enfants bougent selon les activités, ils laissent leur assise sans problème. Ça tourne, ils se prêtent le matériel facilement même les ballons (c’est le plus aimé !) ou les coussins de yoga à picot ou récemment le Père Noel nous a offert des tabourets oscillants !!

Nos centres autonomes de travail concernent le français et les mathématiques auxquels on associe le numérique (ordinateurs, tablettes, robots). Les élèves s’organisent sur la semaine pour travailler les différents items. L’avantage est que nous avons besoin de moins de matériel informatique puisque les élèves ne travaillent pas tous la même notion au même moment. Nous avons intégré beaucoup de jeux (souvent auto correctifs) pour manipuler, pour réinvestir des connaissances ou pour s’entraîner.

Le rôle de l’enseignant change, il travaille « côte à côte » avec les élèves pour aider, guider, réexpliqué individuellement ou en un petit groupe.

Quelle évaluation ?

Nous avons axé une évaluation sur le bien-être. Mais nous remarquons déjà des effets sur l’autonomie. C’est difficile d’évaluer scientifiquement car nous ne pouvons pas laisser un groupe test sans fonctionnement flexible… Les parents n’ont pas été surpris de ce changement ! Notre école a toujours eu un fonctionnement particulier du fait des projets donc c’est une continuité pour nous plus qu’une révolution … Les élèves adorent bien sûr. Ils se sentent bien car ils bougent. Nous accueillons souvent des enfants en mal être ou parfois en phobie scolaire, quand ils arrivent dans l’école, leur comportement change vite…