Repenser sa salle en s’appuyant sur ses pratiques pédagogiques
Du projet...
L’objectif visé est de faire en sorte que la salle s’adapte complètement aux pédagogies mises en place et ce, avec les contraintes liées aux questions de sécurité soulevées par la partie expérimentale de la discipline :
en introduisant de la modularité grâce aux chaises mobiles (dans des salles de sciences habituellement totalement figées) pour permettre l’alternance de phases collectives, en groupe ou individuelles ;
en intégrant des outils numériques pour s’adapter à ses pratiques de e-éducation.
Dans cette vidéo, réalisée par le conseil départemental de l’Essonne (91), l’enseignante explique sa démarche et les étapes de la mise en œuvre du projet financé par le CD91.
... à la mise en œuvre
L’appropriation d’une nouvelle organisation de l’espace par les élèves est indispensable pour en comprendre le fonctionnement et les règles inhérentes :
- gestion des chaises sur roulettes ;
- gestion des déplacements dans les différents espaces classe (où aller ? pour quoi faire ? comment ?) ;
- prise en main des tablettes et des ordinateurs ;
- distribution des rôles au sein des équipes ;
- utilisation des cartes pour demander de l’aide ;
- consignes de sécurité et organisation liées aux manipulations ;
- système d’évaluation formative (Quand appeler le professeur ? Quand lui expliquer sa démarche ? Comment voir sa progression dans les apprentissages ?...).
Tous ces éléments doivent être pensés en amont par l’enseignant et introduits progressivement afin de pouvoir instaurer des repères, des rituels mais aussi des limites (car malgré tous les degrés de libertés offerts par ce genre d’espace, il y en a toujours !)
L’utilisation de l’espace classe dans tout son potentiel repose donc sur un accompagnement à l’autonomie des élèves plus grand que dans une salle traditionnelle, guidée au démarrage par l’enseignante.
Vivre une séance pédagogique dans cet espace repensé
Dans cette classe réaménagée, l’enseignante a ainsi pu proposer une démarche d’investigation. Les élèves sont invités à participer, en tant qu’expert scientifique, à une enquête sur un meurtre commis dans un complexe industriel. Pour ce faire, ils doivent, en équipe, réaliser quatre missions alternant quatre phases : découvrir, manipuler, analyser/raisonner puis produire un compte-rendu d’expériences.
Tout au long de l’activité, des QR codes permettent aux élèves d’accéder à des contenus et des aides selon leurs besoins. Les postes informatiques permettent la rédaction numérique du compte rendu qui sera partagé ensuite via l’ENT avec le professeur.
À chaque étape, l’enseignante valide la réussite en veillant à la verbalisation par les élèves de leurs résultats, afin de connaitre leur raisonnement et leur degré de compréhension.
Ce scénario varié et interactif permet de maintenir les élèves engagés dans leur travail tout en assurant une compréhension progressive des connaissances et compétences visées.
Il s’appuie sur :
Une intrigue engageante
Résoudre un meurtre : le synopsis est simple mais efficace et motivant car, bien qu’imaginaire, il permet aux élèves de donner du sens à leurs apprentissages. Plus encore, ils peuvent se rendre compte qu’un savoir appris dans une discipline, ici la physique-chimie, peut servir dans d’autres domaines de la vie quotidienne. Ils se sentent investis d’une « mission », il y a un objectif à atteindre (au travers des connaissances et compétences ciblées par l’enseignante), et une modalité de travail en équipe qui mobilisent communication, coopération et collaboration.
Cette phase se déroule dans un espace pour le regroupement en posture magistrale avec les chaises mobiles devant le TNI, ce qui permet aux élèves de verbaliser la problématique à l’oral après le visionnage de la vidéo.
Un scénario rythmé
Quatre missions rythment la séance. Elles balayent différentes compétences, disciplinaires et transversales, impliquent les élèves et leur permettent de ne pas voir le temps passer. Pour chacune des 4 missions à réaliser en temps limité, les élèves se répartissent en équipe et peuvent se référer au gardien du temps tenu par un chronomètre.
Mission 1 : Découvrir la notion de pH
Les élèves disposent sur une fiche des notions de cours sur le pH. Pour en vérifier la compréhension, il ont deux exercices interactifs à réaliser.
Des tablettes sont en libre accès dans un chariot pour effectuer des recherches, lire les Qr-codes, télécharger et répondre aux exercices proposés ;
Mission 2 : Réaliser les tests de pH
Le but est de déterminer le pH des solutions produites dans chaque bâtiment du complexe industriel, puis d’indiquer leur caractère acide ou basique.
Des espaces de manipulation avec des paillasses en fond de salle, le long des murs et en îlots sont disponibles pour la réalisation des expériences en toute sécurité ;
Mission 3 : Identifier le coupable
Après avoir découvert un code secret, déverrouillé la mallette contenant un indice du bureau des experts scientifiques (à révéler à la lumière UV) et en regard des résultats des tests de pH, les élèves sont en mesure d’identifier le coupable.
Mission 4 : Rédiger son compte rendu d’expérience
5 ordinateurs fixes placés sur l’une des paillasses le long d’un mur sont à disposition pour rédiger et partager le compte rendu de leur enquête en décrivant et en explicitant leur démarche scientifique.
une posture professorale souple
Alternant entre des temps où elle s’adresse à la classe et des interventions au sein des groupes, l’enseignante dispose de plus de souplesse pour accompagner celles et ceux qui en ont besoin, quand la demande s’en fait sentir. Elle peut ainsi mieux observer les comportements, les stratégies, les échanges, les erreurs ou points de difficultés et engager, le cas échéant, un étayage adapté sur le fil de la séance.
Ainsi chaque élément de la salle se combine pour permettre aux élèves de développer des compétences, de s’approprier les notions, de la façon la plus opérationnelle possible, suivant l’activité proposée. Ici, c’est l’usage pédagogique qui a inspiré l’organisation de l’espace, ce que l’on pourrait formuler par : « quand l’espace s’adapte à la pédagogie »
Et les élèves qu’en pensent-ils ?
« Quand on manipule et qu’on utilise les tablettes pour scanner des Qr-codes et ensuite faire les recherches, on aime bien. "« Ce que j’aime le plus moi c’est qu’on avance à notre rythme. »« Par rapport à l’année dernière, j’ai l’impression que je me suis améliorée. Je ne me suis jamais sentie bloquée. »« Quand on se trompe on peut recommencer et sinon elle vient nous expliquer. Elle peut nous expliquer 15 fois, elle vient quand même nous expliquer. »
Pour en savoir plus :
Une ressource de l’Ifé
La e-éducation dans l’académie de Versailles